La grève des employés du groupe Nicollin prive la ville de Versailles du ramassage de ses ordures. Voici quelques observations et réflexions autour de cet évènement.

Il existe un certain nombre de services que l’on considère comme acquis et que l’on imagine pas qu’ils puissent s’arrêter. Les premiers qui nous viennent à l’esprit sont souvent eau, électricité, voire téléphonie mobile comme l’apprit à ses dépens le réseau Bouygues Telecom lors de la panne du 17 novembre 2004. En ce printemps de 2005, le ramassage des ordures allonge cette longue liste.

Depuis le 27 avril, une majorité d’employés de la société Nicollin sont en grève pour une durée indéterminée. Alors que le tribunal de Versailles s’interroge sur la légalité de cette grève, les poubelles restent sur le trottoir. Le 5 mai, les télévisions et les radios s’emparent de l’information, et crient à l’alerte des grosses chaleurs et des déchêts, à la fin du monde.

Pourtant, pour l’instant c’est à peine si la grève est perceptible : il y a bien des poubelles sur les trottoirs, mais ni plus ni moins qu’un jour de ramassage. Pourquoi cette médiatisation ? A la demande des employés de Nicollin, pour bénéficier de la pression des medias pour faire plier la direction ? A la demande de la ville, pour à la fois informer les habitants de la bonne conduite à suivre et dénoncer la grève de la société Nicollin ?

Difficile de savoir… mais tandis que l’élan médiatique s’arrête aussi vite qu’il est venu, la grève s’installe. La ville instaure alors quelques moyens et règles. Les directives peuvent se résumer simplement : les versaillais sont censés conserver les ordures chez eux dans la mesure du possible. Pour les cas où celà n’est pas possible, quelques bennes sont disséminées dans la ville. Un service réduit a lieu également sur les grands axes et lieus touristiques, via d’autres sociétés. Ces ramassages auraient même fait l’objet d’aggressions de la part de grévistes.

On assiste alors à des comportements hallucinants. Par exemple, les grands axes étant ramassés, certains n’hésitent pas à y apporter leur ordures. Dignes d’un film policier de bas étage, les scènes sont hilarantes : gros plan sur un tas de poubelles ; une voiture arrive et s’arrête à proximité en faisant crisser ses pneus ; de l’arrière en jaillit deux personnes, sacs poubelles à la main ; les sacs poubelles jetés par dessus le tas, la voiture démarre en trombe, comme pour fuir son méfait ; il n’aurait manqué que les cagoules pour que le crime soit parfait… Mais dans l’ensemble, les consignes de la mairie sont raisonnablement respectées, et si les trottoirs commencent à s’encombrer, il s’agit pour la majorité de sacs poubelles noirs, propres et bien fermés.

Malgré toutes ces conséquences ennuyeuses pour les habitants, on ne peut que comprendre le mouvement des éboueurs. En effet, les conditions de ramassage dans une ville comme Versailles sont très difficiles : les horaires sont adaptés pour géner le moins la circulation ; entre rues étroites, contre-allées, rangées de voitures garées les unes contre les autres, ils doivent parfois parcourir une dizaine de mètres pour amener d’énormes poubelles jusqu’au camion-benne ; bref le ramassage dans une petite ville pavillonnaire doit ressembler à des vacances.